Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/22

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plusieurs autres, si les pieds de ceux qui le suivaient n’avaient été un obstacle insurmontable.

À la vérité, quand on vit que Louison servait d’avant-garde, tout le monde se hâta de reculer, et le secrétaire perpétuel fut dégagé. Sa perruque seule eut quelques faux plis.

Cependant Louison, toute joyeuse, avait pris le grand trot et se promenait dans la salle d’attente comme un jeune lévrier qui va partir pour la chasse. Elle regardait les académiciens avec des yeux vifs et pleins de malice, et paraissait attendre les ordres du capitaine Corcoran.

L’Académie fut fort indécise. Sortir n’était pas sûr à cause des caprices de Louison. Rester était moins sûr encore.

On se groupait, on se pelotonnait dans un coin de la salle. On entassait fauteuils sur fauteuils pour former une barricade.

Enfin le président, qui était un homme sage, ainsi qu’on a pu en juger par ses discours, émit tout haut l’avis que le capitaine Corcoran ferait honneur et plaisir à tous les membres présents de l’honorable assemblée, s’il consentait à « filer par le chemin le plus direct et le plus court. »

Bien que le mot filer ne fût pas très-parlementaire, Corcoran ne s’en offensa point, sachant bien qu’il est des minutes où l’on n’a pas le temps de choisir ses mots.