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que fort peu ajouté à l’art, à la littérature, à l’intérêt, et au plaisir de l’humanité… L’humanité gagne en intelligence et en pittoresque à mesure que les types humains deviennent plus variés, pourvu toutefois que ces types n’aient en eux rien de destructeur ni de mauvais. » Or « parmi les civilisations extrême-orientales, la civilisation japonaise, n’a rien de particulièrement mauvais ; son pittoresque, sa gaieté et sa courtoisie sont de bons éléments. On pourrait lui reprocher non pas son caractère agressif mais plutôt sa trop grande disposition à apprendre et par là à abandonner ce qu’elle a de bon ». Et le critique du Spectator, qui cite les opinions de sir Charles Eliot, ajoute : « Cette remarquable conclusion rappellera à quelques lecteurs le petit Japonais de la prophétique histoire du XXIIe siècle par Mr. Wells. Interrogé par Rip van Winkle qui s’éveille, sur la manière dont le péril jaune fut évité, il réplique : « Eh quoi ! vous, Européens, vous avez fini par reconnaître que nous aussi nous étions des Blancs. »

Pour un homme cultivé, qu’il soit Anglais, Américain, Allemand ou Français et qui juge le conflit entre l’Orient et l’Occident de loin et de haut, cette solution est sereine et élégante. La civilisation d’Extrême-Orient séduit son imagination d’Occidental, par sa nouveauté, son pittoresque, son recul. Il trouve pénétrante cette réflexion de Lafcadio Hearn : « Jusqu’ici, n’ayant vécu que dans un hémisphère, nous n’avons pensé que des demi-pensées. » De bons esprits en Amérique, en Californie même, souhaitent que sur la côte américaine du Pacifique, quelque jour, les pensées des deux hémisphères, en se fondant, réussissent à élargir, à nuancer et à enrichir la