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des Jaunes dans chaque métier, répugnent à ce voisinage, aux mélanges des sangs, aux relations continuelles des enfants des deux races, à la confusion des morales, des intelligences, des religions.

Les Jaunes étant admis librement en Californie, en Colombie britannique, en Australie, supposons que la population blanche y conserve la force de les dominer, c’en sera fait néanmoins de l’idée démocratique dont ces Blancs pensent avec fierté qu’ils sont les plus purs représentants. « Les Australiens, déclare l’un d’eux[1], ne voudraient pas, même s’ils le pouvaient, gouverner un peuple sujet. Leur idéal est que l’Australie demeure une terre où leurs enfants puissent mener la saine vie occidentale de leurs pères anglais. » Nos pères, disent-ils, ont fondé un self government de Blancs ; nous le défendons pour nos fils. Cette terre où nous vivons, c’est nous qui l’avons découverte et peuplée. Nous n’avons ni le goût ni le droit d’en faire un champ d’expérience, où les sangs d’Europe et d’Asie se mêleraient et aussi les idéals sociaux, religieux, moraux. Nous ne décidons pas si l’idéal d’Europe est supérieur à l’idéal de l’Asie, il nous suffit qu’il soit différent et que l’assimilation entre les deux races soit impossible.

L’interdiction de l’immigration asiatique est pour la Californie, la Colombie britannique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, une question de vie ou de mort. Petits groupes de population blanche, elles s’effrayent de la capacité d’émigration que représentent dans leur voisinage les énormes réservoirs jaunes. Qu’ils

  1. Lettre de Mr. C. E. W. Bean, de Sidney au Spectator. The real significance of The White Australia Question, July 10, 1907.