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multipliassent leurs relations avec les grands centres de population blanche pour se fortifier d’hommes et d’idées contre le flot montant des Japonais.

En ces États, les travailleurs par leurs organisations professionnelles et le suffrage universel, ont une influence prépondérante sur la politique : l’affaire essentielle, c’est de garantir contre la concurrence de tout venant le taux des salaires[1] et les chances de fortune que ces pays de grandes ressources et de spéculation paraissent réserver à leurs occupants. Le syndicalisme occidental les mène à un protectionnisme étroit, excessif à coup sûr, puisque, non content d’exclure les Jaunes, il est hostile aussi à l’entrée des Blancs qui pourtant renforceraient ces pays contre le péril jaune. Les Japonais peuvent en appeler au principe de la libre concurrence. En face de leur avance déterminée et avide, la politique qui laisse non développé un pays comme la Californie, l’Australie du nord ou la Colombie britannique, et qui prétend réserver toutes les énormes richesses qui s’y rencontrent aux seuls descendants de la génération présente, est difficile à soutenir. Contre l’assaut des

    Op. laud. Aussi, par crainte que l’Angleterre refuse de protéger « White Australia », M. Deakin, premier ministre du Commonwealth australien, a exposé en septembre 1907 un ensemble de projets touchant la défense nationale : création d’une flotte destinée à la défense des côtes ; création d’une garde nationale : les Australiens seraient astreints à des périodes d’instruction dans un corps de cadets de douze ans à dix-huit ans et dans la garde nationale de dix-huit à vingt-six ans. D’ici à huit années, le Commonwealth disposerait de 214 000 hommes entraînés.

  1. En décembre 1907, M. Deakin a présenté un projet relatif à la réglementation des salaires. Le ministère du commerce et l’administration des contributions indirectes diviseraient la Confédération en districts industriels et fixeraient les taux des salaires pour toutes les industries protégées.