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le continent et le Pacifique eurent été traversés, les Américains, héritiers de l’attrait que la marche vers l’Extrême-Orient avait exercé sur leurs ancêtres, ne cessèrent de regarder vers la Chine et le Japon. L’expédition du commodore Perry et une longue tradition de bons rapports développèrent entre les États-Unis et l’Extrême-Orient les échanges de produits et d’idées. Jusqu’à l’an dernier, le péril jaune n’a trouvé que des incrédules aux États-Unis.

Mais depuis que les émigrants japonais essayent de prendre pied en Californie, les Américains commencent de penser que le voisinage des Jaunes a ses dangers, et l’idée de Shin Nihon, d’un Nouveau Japon qui surgirait en Californie, les alarme. Qu’ils ne veuillent plus de leur rêve de jadis : un Japon, une Chine sur leur continent, on le comprend aujourd’hui que l’Amérique du Nord n’est plus un désert de passage mais un territoire occupé par une énorme majorité de Blancs qui entendent ne pas laisser dépecer en sphères d’influence étrangères le pays où ils ont formé une nation. Ainsi le péril jaune, au moment qu’il cesse pour l’Europe, commence pour les deux Amériques. Est-ce simple coïncidence ? Il ne le semble pas, car limiter ses ambitions en Extrême-Orient, s’y libérer par des accords avec l’Europe de tout danger d’une surprise, assurer ses derrières, pour le Japon, en pleine effervescence d’expansion vers les îles et les côtes des deux Amériques, n’est-ce pas le signe qu’il concentre ses forces et qu’il se prépare à une lutte économique et politique, menaçante pour l’hémisphère Ouest ?

En parlant du conflit de races entre Japonais et Américains, j’ai tâché de rester impartial. Les Japo-