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Les Japonais en effet ne redoutent pas un climat froid, qu’ils paraissent mieux supporter que le climat tropical de Formose ou des Philippines ; leurs pêcheurs fréquentent la mer de Béring, les côtes et les rivières sibériennes et l’Alaska.

L’attitude des immigrants japonais n’est point faite pour calmer les craintes : ils ont trop laissé voir de quelle force est leur patriotisme, et de quelle nature leurs espérances :

Chaque année, à la Chambre de la Colombie britannique, des projets antijaponais sont discutés, mais la Chambre des représentants du Canada ne se livre pas à de pareilles manifestations : parce que les Japonais sont les alliés des Anglais et qu’ils sont sortis vainqueurs de la guerre contre la Russie, ils sont bien vus des Canadiens. Une entente japono-canadienne ayant été conclue, des tendances japonophiles se sont manifestées : que les Japonais utilisent ce concours de circonstances favorables pour établir, dans un pays qui n’est pas éloigné du Japon, des villages du Shin Nihon[1], du Nouveau Japon.

Pendant la guerre russo-japonaise, le long du chemin de fer Canadian Pacific, les Japonais arboraient leur drapeau national ; les Anglais ou Canadiens, selon que leur humeur du moment était surtout antirusse ou surtout loyaliste, regardaient ces manifestations d’un œil indulgent ou soupçonneux. Aux fêtes qui marquèrent la visite du prince Fushimi à Vancouver, 4 ou 5000 Japonais prirent part avec un enthousiasme nationaliste.

L’antijaponisme n’a donc pas été complètement importé de Californie en Colombie britannique : il

  1. Mizutani Buyemon, op. laud.