Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin les Japonais, venant presque tous sans femmes ni enfants, sont particulièrement recherchés des planteurs. Car si les planteurs et le gouvernement se sont toujours entendus sur la nécessité de créer artificiellement une immigration, sur deux points leurs intérêts différaient. Les planteurs désiraient des hommes seuls, le gouvernement des familles. Si la main-d’œuvre d’Asie est moins coûteuse que la main d’œuvre d’Europe, c’est non pas que les Asiatiques rendent des services beaucoup plus grands en proportion de leurs salaires, mais c’est qu’ils viennent de moins loin et qu’ils amènent rarement leurs familles[1]. Des Portugais importés, 65 p. 100 étaient des femmes et des enfants ; 19 p. 100 seulement des Japonais étaient des femmes ou des enfants. Un coolie japonais coûtait 88,75 dollars à importer ; un Portugais 266,15 dollars, y compris le passage des gens non-producteurs de sa famille. Sans doute, le Portugais, qui se fixe dans les îles et qui y élève ses enfants, représente à la longue une valeur plus grande pour la communauté que le Japonais qui, à l’expiration de son contrat, retourne dans son pays. Mais choisir les Asiatiques était une économie immédiate, et les planteurs allèrent à l’économie immédiate. Voilà pourquoi la majorité de la population est aujourd’hui asiatique.

Le Chinois représente le plus ancien élément de la population ouvrière aux Hawaï. Quand il apparut

  1. En 1900 la population mâle ayant dix-huit ans et au-dessus était dans les îles de 85 136. La proportion des Asiatiques était prépondérante : 19 661 Chinois, soit 23,13 p. 100 ; 43 753 Japonais, soit 51,39 p. 100. En 1906 sur 18 024 immigrants japonais, il n’y avait que 732 femmes, soit 4 p. 100.