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en Chine partent avec des horloges, des lampes, des machines à coudre et des habitudes yankees.

La morale privée des coolies japonais choque les autres races des îles ; on les accuse de manquer de pudeur, de vivre dans un état de nature qui méprise les conventions et les mœurs occidentales. Pour eux le mariage est simplement une affaire : des femmes envoyées par des amis ou des agents arrivent à Honoloulou pour rencontrer des maris qu’elles n’ont jamais vus ; encore plus qu’au Japon, le divorce est d’usage. Au reste, jusqu’à ces derniers temps, peu nombreuses étaient-les femmes parmi les immigrants japonais. Le coolie, amené par contrat, venait seul ; depuis que l’immigration est libre, les femmes commencent de débarquer. Jusqu’à présent les Japonais forment une population de nomades ; ils ne se mêlent guère à la vie sociale et politique, vivent sans relations avec la population permanente, n’achètent pas de terres et passent dans les îles comme des gens en excursion. Chose grave pour la population américanisée, les Japonais n’y ont ni vie de famille, ni home, et restent en marge de la société. Menant une vie de clan et sans rapports avec les Blancs, ils les volent rarement et rarement les attaquent. Ils ont l’idée qu’il faut respecter les lois et les citoyens du pays étranger où ils vivent ; par contre, ils pensent avoir le droit de traiter à leur guise ceux de leurs compatriotes avec qui ils ont un compte à régler.

C’est qu’en dépit du costume et des manières qu’ils adoptent très vite, leur américanisation est à fleur de peau ; à l’étranger ils restent les sujets soumis du Mikado et n’oublient pas leurs paysages japonais ; leur nationalisme agressif les empêche de s’installer défini-