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cultiver le sucre ; les autres sont attirés par des métiers assez simples d’abord, puis de plus en plus qualifiés. Les plantations sont d’excellents endroits où faire l’apprentissage d’un métier. Aussi, à la campagne, les Japonais, avec un tout petit capital et un demi-savoir acquis sur les plantations, ouvrent des boutiques de forgeron, maréchal ferrant, charron et charpentier. Pour les travaux publics, l’administration, en dépit des recommandations légales d’employer le plus possible de citoyens américains, est obligée d’embaucher des Asiatiques. Les terrassements des chemins de fer sont exécutés par des compagnies japonaises qui passent un contrat. Impossible pour les Blancs de les concurrencer : le contractant, qui traite à de bas prix, se rattrape sur les vêtements, la bière et le saké qu’il vend à ses gens. Comme arrimeurs et débardeurs, comme marins sur les petits vapeurs qui cabotent entre les îles, les Japonais font merveille aux dépens des Hawaïens, et comme charretiers et cochers, ils remplacent les Chinois.

C’est dans les industries du bâtiment, longtemps réservées aux Américains, que la concurrence des Japonais est surtout sensible, — d’autant plus sentie qu’elle coïncide avec une période de dépression économique et qu’en même temps que les Japs contrôlent un plus grand nombre d’emplois, le nombre des emplois diminue. Après l’annexion, il y avait eu un boom : la situation politique du Territoire était fixée ; le tarif assurait la prospérité de l’industrie sucrière ; l’escale des transports de troupes et de vivres allant aux Philippines enrichissait Honoloulou. Des États-Unis, affluèrent les capitaux ; on lança de nouvelles