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brasseries, — les travaux d’électricité, et, dans l’industrie du bâtiment, les tâches les plus compliquées. Si les Japonais n’y ont pas encore acquis une maîtrise suffisante, c’est qu’ils ont jusqu’ici travaillé surtout pour leurs compatriotes, comme aides ou entrepreneurs de petites affaires, laissant les tâches compliquées et les besognes de contrôle aux Blancs. L’ouvrier américain ne manque pas d’accuser ces Japs de travailler peu solidement, avec des matériaux de second ordre, et de se laisser exploiter par les entrepreneurs ; mais, sans aucun doute, ils progressent en habileté technique et gardent l’ambition d’apprendre.

Comme aides, sans souci des heures qui passent, ils sont toujours prêts à se charger de tout le travail de l’artisan qu’ils assistent. Le Japonais vient présenter son fils aux patrons de métiers qualifiés ; il sollicite pour ce jeune homme une instruction professionnelle, offre qu’il travaille sans salaire, rien que pour pouvoir apprendre. Devant cette ambition d’allures si modestes ; entrepreneurs et ouvriers blancs se prennent pourtant de méfiance : « Ce pays, dit un entrepreneur, devient une sorte de kindergarten pour artisans japonais. » « Je ne veux pas enseigner ces gens à me couper la gorge », dit un autre. Malgré tout, le Japonais trouve des professeurs ; voici les souvenirs d’un plombier : « Quand je travaillais à la Sanitary Laundry, un Jap m’offrit cinquante dollars pour lui montrer à faire un joint. En 1900 et 1901, beaucoup de camarades ont fait de l’argent rien qu’à enseigner leurs métiers aux Japs », — et les impressions d’un mécanicien : « Les mécaniciens blancs sur les plantations se la coulent douce. Moi-même, quand