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LIVRE SIXIÈME

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VENGEANCES




Ouvre tes grands thresors, ouvre ton sanctuaire,
Ame de tout, soleil, qui aux astres esclaire :
Ouvre ton temple sainct à moi, Seigneur, qui veux
Ton sacré, ton secret enfumer de mes vœux :
Si je n’ay or ne myrrhe à faire mon offrande,
Je t’apporte du laict ; ta douceur est si grande
Que de mesme œil et cœur tu vois et tu reçois
Des bergers le doux laict et la myrrhe des rois.
Sur l’autel des chetifs ton feu pourra descendre,
Pour y mettre le bois et l’holocauste en cendre,
Tournant le dos aux grands, sans oreilles, sans yeux
A leurs cris esclattans, à leurs dons précieux.
Or soient du ciel riant les beautez descouvertes,
Et à l’humble craintif ces grands portes ouvertes :