Aller au contenu

Page:Aubigné - Les Tragiques, éd. Read, 1872.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
AUX LECTEURS.

avenues avant l’œuvre clos, que l’autheur appelloit en riant ses apopheties. Bien veux-je constamment asseurer le lecteur qu’il y en a qui meritent un nom plus haut, comme escrittes avant les choses advenues. Je maintien de ce rang ce qui est à la præface :

Je voi venir avec horreur
Le Jour qu’au grand temple d’erreur…

et ce qui suit de la stance.

Aux Princes, où tout ce qui est dit du fauconnier qui tue son oyseau par une corneille est sur la mort du Roy Henry troisiesme, et puis aux endroicts qui denotent la mort d’Henry quatriesme, que je monstrerois estre dit par prediction si les preuves ne designoient trop mon autheur, vous remarquerez aussy bien en la disposition la liberté des entrées avec exorde, ou celles qu’on appelle abruptes. Quant aux tiltres des livres, je fus cause de faire oster des noms estrangers, comme au troisiesme Ubris, au dernier Dan, aymant mieux que tout parlast françois.

Or voylà l’estat de mon larcin, que le pere plein de vie ne pourra souffrir deschiré et mal en poinct et le pied usé, comme sont les chevaux d’Espagne qu’on desrobe par les montagnes ; il sera contrainct de remplir les lacunes, et, si je fay ma paix avec luy, je vous promets les Commentaires de tous les poincts difficiles qui vous renvoyroient à une pénible recerche de l’histoire, ou à l’Onomastic. J’ay encor par devers moy deux livres d’Épigrammes françois, deux de latins, que je vous promets à la première commodité ; et puis des Polemicques en diverses langues, œuvres de sa jeunesse ; quelques romans ; cinq livres de lettres missives, le premier de familieres pleines de railleries non communes, le second de poincts