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exclusif des hommes ; qu’on enserre les jeunes gens dans l’étiquette et les préjugés à l’aide desquels on a garroté les femmes ; bientôt les rapports entre la valeur des deux sexes seront totalement renversés. »

Vous ne voulez pas faire cette expérience ? Savez-vous bien alors que vous nous permettez de croire, à nous femmes, que vous avez moins le doute que la crainte de notre égalité. En continuant à nous laisser dans une vie atrophiante, vous imitez, vous hommes civilisés, les barbares, possesseurs d’esclaves, qui exploitent avec grand profit la prétendue infériorité de leurs semblables.

Les partisans de la liberté humaine qui nient l’égalité des sexes se divisent en deux camps. Les uns nient cette égalité en s’appuyant sur ces préjugés : à avoir que la force musculaire fait la supériorité de l’être ; à savoir que la grande dimension du cerveau est la condition sine qua non de toute valeur intellectuelle.

Un des plus grands savants contemporains, le docteur Louis Buchner, réfutera à ma place ces fausses allégations. Entendez-le : « Le volume ou le développement matériel d’un organe, dit Büchner, ne saurait dire lui à tout seul la valeur de cet organe. » Il cite un exemple : « Qui voudrait affirmer la possession d’un grand nez soit constamment la marque d’un odorat plus fin que celle d’un petit nez ? Un cerveau plus petit mais d’une constitution plus parfaite accomplira mieux sa fonction qu’un autre plus gros mais moins délicat. Combien dont la tête était petite n’ont-ils pas laissé loin derrière eux les gens à grosse tête ?

« La prétendue infériorité de la femme, quant au volume cérébral, est une notion tout à fait erronée. Ce n’est pas dans ses