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rangements, les hommes ne lui offriront certes pas la meilleure place. Il faut que la femme puisse poser avec l’homme les bases de la société de l’avenir car, malheur aux femmes, si n’ayant pas disputé pied à pied leur égalité elles arrivent esclaves dans un état social meilleur. Les vainqueurs leur donneront bien quelques dons de joyeux avènement, mais, au fond, elles resteront les déshéritées, les inférieures ; je dis : Malheur à nous ! malheur aux femmes ! car, plus l’organisation sociale future sera satisfaisante, plus elle aura qualité pour prolonger leur servitude.

À ceux qui disent qu’il est inutile de faire une question de femmes, que, dans l’avenir tous les êtres seront égaux, je réponds : Il y a une question des femmes, parce qu’il y a une situation toute particulière faite aux femmes ; parce que les femmes ne peuvent se contenter de vaines promesses trop souvent démenties par les postulants de pouvoir, qui, aux heures de franchise, s’oublient jusqu’à dire : Quand nous serons arrivés, nous verrons la place qu’on pourra donner à la femme, sans nuire à l’espèce ni gêner l’homme.

Nous, femmes, nous ne nous occuperons pas d’aider le despotisme à changer de mains, ce que nous voulons, ce n’est pas déplacer, c’est tuer le privilège.

Je suis loin de vouloir mettre en doute la bonne foi des collectivistes qui disent ne faire aucune distinction entre la femme et l’homme ; mais d’autres pourraient venir qui altèreraient leur doctrine, en ce qui touche l’égalité des sexes. Voilà pourquoi je les prie de comprendre avec nous la nécessité d’une question des femmes, et de nous aider à la soutenir.

Notre affirmation de l’égalité sociale et