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LE VOTE DES FEMMES

vrai suffrage universel puisqu’ils bénéficient du nombre des femmes pour être élus, sans que leurs actes aient à subir le contrôle féminin les députés aiment mieux additionner un troupeau de muettes, que d’avoir à rendre des comptes aux femmes électeurs. Des électeurs ! ils en ont déjà trop ! Loin de chercher à les multiplier ils voudraient pouvoir les réduire, comme les femmes, au rôle de moutons. Ah ! ne représenter qu’un troupeau masculin et féminin, dont on n’a point à se préoccuper des bêlements, quel rêve !

Les législateurs essaient de persuader aux parias Françaises, qu’elles seraient lésées si la loi les libérait, en s’abstenant de les compter.

Certes, les femmes contribuables ont le droit de compter dans la nation puisqu’elles coopèrent à la prospérité du pays ; seulement, elles doivent être représentées non point comme des animaux recensés, mais comme des êtres conscients, choisissant et nommant leurs représentants.

Les femmes ne se soucient point de continuer à être confondues avec le cheptel d’après lequel l’homme calcule sa richesse, en étant un bétail dont il fait le dénombrement pour édifier sa fortune politique.

En ce pays, où M. Thiers affirma que les chemins de fer ne pourraient jamais fonctionner, il ne faut pas s’étonner si des hommes soutiennent que les femmes ne doivent point participer aux affaires publiques.

Un décret ministériel transformerait de suite les Françaises annihilées en citoyennes actives.