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LE VOTE DES FEMMES

refusé d’acquitter leurs contributions parce qu’elles ne sont, elles non plus, point électeurs politiques. Si cette manifestation se généralisait, elle jetterait l’inquiétude au camp des hommes, puisqu’elle menacerait d’arrêter faute de munitions, la force motrice qui fait mouvoir la machine gouvernementale.

Les femmes peuvent-elles continuer à entretenir un état masculiniste où elles ne sont admises qu’à titre de contribuables ?

Quand des individus s’associent dans un but quelconque, pourvu qu’ils apportent le même numéraire, qu’ils soient hommes ou femmes, ils ont un identique pouvoir administratif. Les impôts, qui sont la part apportée dans les caisses publiques par chacun des Français et des Françaises, ne peuvent donc, sans préjudice pour la nation, être livrés à l’arbitraire masculin. Il est urgent que la collectivité féminine dise à la collectivité masculine : — Nous n’avons point confiance en votre administration, voilà pourquoi nous voulons examiner, discuter, voter avec vous les budgets.

Le préfet de la Seine qui avait répondu aux femmes que bien qu’elles soient non électrices, elles restaient contribuables reçut cette lettre :


« Monsieur le préfet,

« Vous m’informez que, pour rejeter ma demande de dégrèvement d’impôt, vous vous appuyez sur l’article 12 de la loi du 21 avril 1832, qui déclare imposable à la contri-