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LE VOTE DES FEMMES

afin de pouvoir, en décuplant et en ménageant ses ressources, faire resplendir de bien-être le visage de chacun de ses habitants.

À chaque élection, le suffrage bien que réduit, borné, faussé et mutilé fait entendre un bégaiement de vérité. Ce serait trop long, de citer toutes les circonscriptions électorales où les femmes ont obtenu des voix.

Voici, cependant, à propos de succès électoraux féminins ce qui s’est passé en 1897 à Ménerville (Algérie).

Le dépouillement du scrutin terminé, M. Vissonnaux, candidat, fit observer que les bulletins, portant le nom de Mme Pellier-Le-Cerf, ayant un caractère inconstitutionnel, devaient être considérés comme nuls. Il demandait que sa déclaration fût inscrite au procès-verbal et lesdits bulletins y annexés.

Le maire trouvant l’observation bien fondée, s’empressait de jeter les bulletins dans la cheminée et d’y mettre le feu.

À ce moment, survint M. Bouayoume qui, voyant l’escamotage, donna de grands coups de poing sur la table, protestant avec indignation contre la suppression de bulletins sur lesquels était inscrit le nom de Mme Pellier-Le-Cerf. Il flétrit énergiquement les procédés du bureau. – « Vous violez, dit-il, la liberté du suffrage universel en annulant les voix données à une femme ! »

Aux élections municipales de 1908, Mme Jeanne Laloé, candidate à Paris dans le 9e arrondissement obtint 987 voix, mais ; 527 bulletins portant son nom furent seulement comptés.