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L’ÉDUCATION POLITIQUE DES FRANÇAIS

n’est point séant d’en parler. De sorte que la politique, qui se réduit à sauvegarder ou à mettre en péril les intérêts généraux et particuliers, est considérée comme une science inaccessible même aux hommes qui se distinguent dans leur art ou leur profession. Et l’indifférence pour les affaires du pays menace de se perpétuer.

Comment l’homme s’initierait-il à la politique, pendant que la femme, avec laquelle il est sans cesse en tête-à-tête, n’est pas admise à en chercher avec lui le mécanisme ?

Aussi longtemps que, comme des pestiférées en quarantaine, les femmes seront tenues à l’écart de la politique, la nation sera sans éducation politique.

Pour que la politique cesse d’être pour l’homme chose ennuyeuse et incompréhensible, il faut qu’elle s’introduise dans le ménage, où elle deviendra une question d’autant plus familière qu’elle sera tous les jours incidemment creusée.

Bien loin d’être une source de division, la politique resserrera les liens entre époux. En élargissant l’horizon intellectuel du home, elle fera souvent succéder à l’amour envolé, l’amour du bien public.

Quand les femmes jouiront des mêmes droits électoraux que les hommes, le sein maternel ne sera plus un milieu où le cerveau s’atrophiera. L’affranchissement de la mère soustraira l’homme à l’abâtardissement utérin qui en fait plus un sujet qu’un citoyen. La maison familiale deviendra une école où électeurs