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LE VOTE DES FEMMES

des deux sexes luttant d’émulation feront ensemble, sans y penser, leur éducation politique. Alors, la nation sera plus clairvoyante et aux phrases, pompeuses qui retentissent dans les réunions d’électeurs et d’élus, succéderont des émissions d’idées, de plans, d’où pourront découler le bien de l’humanité.

Présentement, les électeurs pétris du sang et de la chair de dégradées civiques, vivant en tête-à-tête avec des repoussées de la vie publique, sont, par l’atavisme et le milieu ambiant, maintenus en une telle enfance politique qu’ils n’écoutent que les charlatans criant le plus haut, sachant le mieux persuader qu’ils feront couler du bourgogne des fontaines Wallace et tomber, rôties, du ciel les cailles.

C’est seulement quand les femmes voteront que Français et Françaises, s’instruisant mutuellement en discutant ensemble des affaires publiques, deviendront des électeurs souverains conscients.

Assimiler les femmes aux hommes citoyens, épouvante le Français ; nos partisans d’indépendance électorale aiment mieux laisser escroquer à l’électeur son vote que de le rendre promptement capable d’être son propre maître en admettant sa compagne si divinatrice, si investigatrice à coopérer avec lui aux affaires publiques.

On reconnaît que la nation entière saurait mieux