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LE VOTE DES FEMMES CÉLIBATAIRES

personnes qui ne votent pas dans la nation, mais qui ont des intérêts et des droits à être représentées. Ces personnes ce sont les femmes célibataires et les veuves disposant de leur fortune, ayant réellement des intérêts manifestes, ayant droit à avoir des représentants de ces intérêts. » Les députés applaudirent.

Quelle objection pourrait-on faire au droit des Françaises célibataires de se nommer des représentants ? Il est impossible de prétexter pour elles d’empêchements naturels temporaires, ou de les dédaigner, car leur nombre est considérable. Cette catégorie de femmes formerait un État dans l’État.

On compte en France près de six millions de demoiselles qui, avec les légions de veuves et les divorcées, représentent un total imposant d’individualités dont les intérêts ne sont pas même représentés indirectement par un mari au Parlement, aux conseils généraux et municipaux.

Comme l’homme, la célibataire est maîtresse absolue de sa personne et de sa fortune. Elle garde avec son nom sa personnalité, fait ce qu’elle veut, vit comme elle l’entend. Pourquoi cette femme ne voterait-elle pas ?

Il est de l’intérêt général que le droit électoral soit rendu accessible aux célibataires dont l’activité et les facultés affectives demeurent inutilisées, sont perdues pour la société, pendant qu’elles ne peuvent se dépenser au profit du bien public.