Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/102

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silex. Tout était gâté. Et cependant ces vases étaient si beaux, ces médailles avaient un tel éclat que plusieurs lui en voulaient acheter. Vendre une œuvre imparfaite, au rabais, à vil prix ! Sa fierté s’indigne. Il sait que son dénûment est absolu ; qu’il n’a plus moyen de subvenir aux besoins de sa famille ; on lui offre huit francs, c’est quelque chose ; c’est du pain au moins ! Il refuse. Ces ouvrages manqués l’eussent décrié ; son amour-propre d’artiste en eût souffert, et sa réputation, et son œuvre ! Il brise vases et médailles. Sublime effort ! dignité du génie, glorieuse et volontaire pauvreté !

C’est en ce moment que l’a représenté M. Hector Vetter, dans une toile qui a été fort remarquée à l’exposition de 1861.

Ce tableau, que la gravure de M. Thielley a popularisé, porte pour épigraphe ces paroles de Palissy : « Le bois m’ayant failli, ie fus contraint de brusler les estapes qui soustenoyent les tailles de mon iardin, lesquelles estant bruslées, ie fus contraint de brusler les tables et planchers de ma maison... l’estois en vne telle angoisse que ie ne scaurois dire... encore pour me consoler on se moquoit de moy et m’estimoit on estre fol. » Et aussi ces bizarres lignes de M. de Lamartine : « Palissy, c’est le patriarche de l’atelier, le poëte du travail des mains, la parabole faite homme pour ennoblir toute profession, qui a le labeur pour mérite, le progrès pour mobile, Dieu pour fin. »

Ce soin de briser toutes les pièces défectueuses que nous représente heureusement le tableau de