Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tine. Mais gare à la vipère. Encore qu’elle ne soit pas aussi venimeuse que dans les pays chauds, où le suc des plantes fournit abondamment à ses méfaits, il ne faudrait pourtant pas s’y fier. Les autres animaux le savent ; ils ne s’en approchent qu’avec crainte. Les mollusques, eux, se mettent partout. Ils n’ont rien à craindre. Ni la couleuvre, ni l’anguille ne les écraserait sous leur poids. Pour l’anguille et les poissons, ils ont plaisir à nager. À les voir s’ébattre dans l’eau limpide, on éprouve leur propre bien-être. Mais, hélas ! le flot les a laissés à sec, ou la main féroce du pécheur les a déjà jetés dans le plat pour le repas futur. Regardez-les ; couchés sur le flanc, ils cherchent de leurs nageoires entr’ouvertes l’onde absente, et ne trouvent que l’air ; ils agonisent. La grenouille grise ou verte tantôt s’élance, tantôt marche, tantôt nage. Le lézard aux vives couleurs d’émeraude, court ; sa tête mobile épie le vent. Son regard est vif. Alerte, inquiet, toujours vigilant, il guette le péril. La couleuvre se repose parfois ; lui chemine sans cesse ; et pourtant comme il aime le farniente, paresseusement étendu sur une pierre que chauffe le soleil ! L’écrevisse est souvent moitié dans l’eau, moitié sur terre. Sa carapace sombre luit au milieu des feuilles vertes. La grenouille aide au contraste. De ses grands yeux à fleur de tête, elle cherche vague, indécise, tout et rien. La voilà qui plonge ; le bruit cesse, elle reparaît lentement, puis saute à la place quittée, parmi les ajoncs, sous les touffes d’herbes qui la garantissent, parasol naturel, des trop vives ardeurs de ce chaud soleil qu’elle cherche