Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/140

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l’entour, AVEC DES LÉZARTS ET COULEUVRES, MOULÉS SUR LE NATUREL. »

Ces extraits, que j’emprunte au livre de M. Fillon où, pour la première fois, a été fait ce rapprochement, montrent clairement que Bernard Palissy s’est inspiré de François Colonna. Il faut donc être très-sobre d’éloges à ce sujet, et ne pas porter l’artiste aux nues pour avoir créé une chose qu’il a eu seulement le mérite d’exécuter. Sa gloire est assez grande d’ailleurs pour qu’il ne soit pas nécessaire de lui attribuer ce qui appartient à un autre.

L’idée de fabriquer en relief des animaux coloriés de taille naturelle est même plus ancienne que le Discours du songe de Polyphile, et si Palissy n’avouait pas qu’il avait lu ce livre, on pourrait admettre qu’il s’est inspiré des anciens. Athénée[1] nous apprend, en effet, qu’on offrait à la déesse Atergatis pour se concilier ses bonnes grâces des poissons d’or et d’argent. Pline raconte un fait plus curieux. Varron, disait-il, avait connu à Rome un certain Pasis (Possidonius) qui faisait des fruits et des raisins — une leçon dit pisces, des poissons, au lieu de poma — avec tant d’art qu’on ne pouvait les distinguer des naturels[2]. Pour qu’ils pussent être pris pour les objets eux-mêmes, remarque M. A. de Montaiglon, il fallait donc qu’ils fussent coloriés.

Mais si la pensée première n’est pas de lui, maî-

  1. Deipnosophistarum, liv. VIII, ch. VIII.
  2. M. Varo tradit sibi cognitum Romæ Pasim nomine a quo facta poma et uvas ut non posses adspectu disecernere a veris. (Hist. natur., Liv. XXXV, ch. XII, De l’Art de la poterie.)