Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/185

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gentilshommes, on imposa au pasteur l’obligation de solliciter de son troupeau un congé pour s’absenter, et encore fallait-il qu’il y eût urgente affaire. « Par tel moyen, ajoute maître Bernard, le pauure homme étoit reclos comme vn prisonnier. » Tenu en chartre privée par ses ouailles, menacé par ses ennemis, et avec cela des pommes et de l’eau pour tout potage, la Boissière n’avait certes pas à Saintes une position commode. Pourtant il y resta plusieurs années : il y était encore en 1563.

À la faveur de la tolérance pour le protestantisme qui suivit la mort de François II, 5 décembre 1560, au milieu des compétitions rivales pour la régence et des luttes d’influence au début du règne d’un roi de dix ans et demi, les huguenots, qui augmentaient de nombre, s’enhardissaient chaque jour. Les réunions jusqu’alors s’étaient tenues dans les maisons particulières ou en des lieux retirés, « le plus souuent à plein minuit. » On entendait bien « passer par la rue » ceux de la religion ; mais on laissait faire. Claude de la Boissière le premier osa, en 1561, prêcher publiquement sous la halle à Saintes. Grande rumeur ! le maire accourt ; c’est Pierre Lamoureux, médecin, sectateur non encore déclaré de la Réforme. Le grand vicaire l’accompagne : c’est Geoffroy d’Angliers, chantre et chanoine de Saint-Pierre. Déjà dans son prieuré de Mortagne-sur-Gironde, il disposait les esprits à accueillir favorablement les idées calvinistes qu’il leur fit entendre l’année suivante par Jean de Chasteigner, ministre de Saint-Seurin-d’Uzet.