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Le peuple, comme la cour, créa ses airs. Le dimanche « les compagnons de mestier » s’allaient « pourmener par les prairies, bocages ou autres lieux plaisans, chantans par troupes pseaumes, cantiques et chansons spirituelles. Vous eussiez aussi veu les filles et vierges assises par troupes es iardins et autres lieux qui, en cas pareil, se delectoyent à chanter toutes choses saintes. »

Les chanteurs n’étaient pas toujours habiles. Il arrivait parfois qu’au prêche une partie chantait ce verset-ci, l’autre ce verset-là, si bien, raconte Florimond, « que le pauvre ministre Malo, quoiqu’il tempestast en chaire et battist de la main, ne les pouvoit remettre à la mesure[1]. »

Bernard Palissy s’est plu à ces harmonies de voix mâles et fraîches. Il aimait à les entendre ; il aime à nous en parler. Voilà le chœur de nos jeunes Saintongeoises, gratiæ decentes, comme dit Horace, sous l’ombrage des aubiers, louant, exaltant le Seigneur Dieu dans ce magnifique élan de David : Benedic, anima mea, Domino. Elles disent :

« Bénissez le Seigneur, ô mon âme ! Seigneur, mon Dieu, vous avez fait paraître votre grandeur d’une manière bien éclatante !

« Environné de majesté et de gloire, revêtu de lumière comme d’un vêtement, vous étendez le ciel comme un pavillon.

« Vous marchez sur les ailes du vent. Vous conduisez les fontaines dans les vallées pour abreuver

  1. Ouv. déjà cité, liv. VIII, p. 1010.