Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/238

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admirée, ne fait à l’âme qu’un marchepied pour s’élancer jusqu’à Dieu. »

Le rêve se fit-il réalité ?

Palissy ne demandait pas mieux que d’exécuter sur le sol le plan de son jardin si poétiquement tracé sur le papier. Il proposa au maréchal de Montmorency de lui en construire un à Écouen ; il offrit à Catherine de Médicis d’aller lui transformer en jardin délectable son parc de Chenonceaux. On dit que les jardins du château de Chaulnes, en Picardie, furent dessinés sur le modèle de celui de Bernard. M. Duplessy prétend, mais sans preuve, qu’il en fut tout ensemble « le dessinateur et l’entrepreneur. » Les allées du parc de Chaulnes ont été chantées par Gresset au début de sa Chartreuse :

Je ne suis plus dans ces bocages
Où, plein de riantes images,
J’aimais souvent à m’égarer...

Elles virent aussi rimer l’abbé de Boismont, prédicateur du roi. Il ne leur manque plus que d’avoir été tirées au cordeau de Palissy.

Maître Bernard semble avoir ambitionné tous les genres de gloires. Jardinier ici, il va devenir là presque phrénologue. Après avoir devancé Le Nôtre, il annoncera Lavater, Gall, Spurzheim et le docteur Broussais. En ce génie se réunissent les contrastes les plus surprenants. Nous avons entendu l’idylle : écoutons maintenant la satire ; Lucien après Théocrite ; Juvénal après Virgile. Tout à l’heure il admirait la nature ; il va s’emporter contre les hommes. Peut-être avait-il tant de compassion pour les ani-