Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/239

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maux qu’il ne lui en restait plus guère pour ses semblables.

La première tête qui lui tombe sous la main est celle d’un Limousin un peu fripon. Il achetait trente-cinq sous la livre de bon poivre à la Rochelle, et la vendait dix-sept à la foire de Niort, et encore gagnait-il beaucoup à ce petit commerce. Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que des sophistications se pratiquent. Peut-être ne serait-il pas mal, disait le spirituel auteur des Guêpes, ne fût-ce que pour être en progrès, de revenir à la vieille méthode ; à savoir, de laisser faire le vin aux ceps, l’eau-de-vie au vin, le pain au blé, le moka au caféier, le lait aux vaches et le miel aux abeilles. Qui sait si, comme autrefois, elles ne s’en acquitteraient pas aussi bien que nous ?

Le Limousin trompait sur la qualité de la marchandise ; mais c’était uniquement pour devenir riche : car il prétendait « que les pauures n’estoyent en rien prisez, et qu’il ne vouloit estre pauure, quoi qu’il en deust aduenir. »

Palissy semble aussi avoir entrevu nos travers de costumes. Quelle élégante ne pourrait-on pas reconnaître dans cette femme d’un sénéchal de longue robe à qui il reproche d’avoir « prins une verdugale pour dilater ses robes en telles sortes, que peu s’en faut qu’elle ne monstrast ses honteuses parties. »

Dans son Discours sur l’extrême cherté, Jean Bodin écrivait : « En matières d’habits, on estimera toujours sot et lourdeau celui qui ne s’accoustera à la mode qui court. Laquelle mode nous est venue d’Espagne, tant ainsi que la vertugade que nous avons empruntée