Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/290

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Faut-il s’étonner que, dans cette pénible situation en proie aux créanciers, pressé par la misère, Bernard Palissy ait trop activé la fabrication de ses émaux ? Les demandes étaient plus nombreuses, et plus rigoureuses les nécessités ; il voulait satisfaire aux unes comme aux autres. Peut-être ne se serait-il plus senti le courage de briser quelques pièces imparfaites. Plus de célérité dans l’exécution, partant moins de soin dans la conception, voilà où il en était réduit. Aussi ne se met-il pas en frais d’imagination. Les rustiques figulines sont toujours les produits qu’il livre. Seulement, aux animaux et aux plantes des rives de la Charente, s’ajoutent quelques variétés du bassin de la Seine. Puis les fonds se dégarnissent. « Ils ressemblent désormais, dit M. Fillon, à la terre des sillons qui, sous l’influence du printemps, commence à se couvrir de plantes fraîchement nées ; les coquillages, placés avec symétrie, sont plus espacés ; les animaux plus grêles. L’artiste n’est plus en contact perpétuel avec la nature ; elle lui apparaît maintenant sous un aspect de convention. » Le changement de manière est sensible : la décadence approche. L’artiste subit l’influence de la cour. Sans doute, on se lassa de ces bestioles ; on demanda de la variété ; on voulut que dans le paysage apparût l’homme, et que le marécage ne fût pas seulement visité par les couleuvres ou la grenouille. Ce qui justifie cette conjecture, c’est le peu d’adeptes que fit le goût de Palissy pour les reptiles et les poissons. Ses continuateurs prennent ses procédés, ses couleurs, ses sujets ; ils lui laissent ses animaux.