Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Palissy échappa au massacre ; et pourtant « maistre Bernard des Thuilleries, » celui qui ornait les jardins royaux, était un personnage assez en vue. Il n’avait jamais dissimulé sa religion. Ses écrits, son arrestation antérieure étaient des preuves suffisantes. Il évita pourtant le poignard. Comment, on l’ignore. Si l’on en croyait Sully et Brantôme, qui a raconté deux fois la même erreur dans ses Hommes illustres au Discours sur l’amiral Coligny et à celui sur Charles IX, Ambroise Paré seul aurait été sauvé par le roi... « Et n’en voulut jamais sauver aucun, sinon maistre Ambroise Paré, son premier chirurgien et le premier de la chrétienté ; et l’envoya querir et venir le soir dans sa chambre et garde-robe, lui commandant de n’en bouger, et disait qu’il n’étoit raisonnable, qu’un, qui pouvait servir tout un petit monde, fut ainsi massacré, et si ne le pressa point de changer de religion, non plus que sa nourrice. »

Brantôme est inexact. D’abord Charles IX fit partir de Paris, deux jours auparavant, Henri Robert de la Marck ; et d’après Marguerite de Valois sa sœur[1], il voulut qu’on épargnât Louis de Teligny, gendre de Coligny, la Nouë, la Rochefoucauld et même l’amiral. Ensuite, le roi n’eut pas grand mérite à sauver Ambroise Paré, ni de grands efforts pour le convertir, puisqu’il était catholique, comme cela demeure prouvé par plusieurs passages de ses Œuvres et par sa sépulture dans l’église de Saint-André des Arcs, au moment où le plus fougueux des ligueurs, Aubry,

  1. Mémoires, édition Lalanne, p. 27 et 28.