Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/340

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des pastiches. On ne refait pas deux fois la même œuvre. Refait-on les toiles de Raphaël ? La copie peut avoir son mérite et offrir quelque intérêt. L’original qu’on veut reproduire est cette liqueur précieuse qu’on transvase : l’arome délicieux s’en évapore vite. C’est toujours la même liqueur, moins le parfum. Les procédés s’imitent ; le métier s’apprend ; les secrets se surprennent. Allez donc voler le secret du génie, dérober à l’aigle son regard, au soleil divin son rayon inspirateur. On peut fabriquer des terres émaillées comme maître Bernard ; on peut faire et on a fait mieux que lui. Ainsi nos ouvriers sculptent plus habilement les statues que les « imaigiers » romans. Ceux-ci cependant sont plus vantés. Il en est ainsi des ouvrages de Palissy. Ne serait-ce pas qu’ils n’excitent qu’un intérêt archéologique ou que la mode les a pris sous sa puissante protection ? L’engouement est souvent désastreux pour les arts. S’il attire de temps en temps sur certaines productions, de l’esprit humain les regards de la foule et l’attention des savants, il nuit à celles qui n’ont d’attrait que leur ancienneté, de mérite que leur rareté et de beauté que le prix élevé qu’ils coûtent.

L’art de Palissy devait périr. Imitation lui-même, fort habile, fort ingénieux et tout nouveau ; pouvait-il avoir longtemps des imitateurs ? Qu’est-ce que la copie de la copie ? Les élèves pouvaient, il est vrai mouler comme lui. Mais mouler est une industrie, ce n’est plus de l’art. Le goût public fut un instant charmé des rustiques figulines. Elles avaient de l’o-