Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lieu, ils se retrouvent tels qu’ils étaient ; et en ce sens Palissy a raison de dire qu’ils sont éternellement fixes. C’est un de ces dogmes scientifiques aujourd’hui admis, que sa pénétration devinait.

Mais voyez quelle fausse conclusion il en tire. Des alchimistes, les uns calcinent, les autres distillent ; ceux-ci couvent leurs matières à feu lent, comme une poule fait ses œufs ; ceux-là chauffent violemment. Tous emploient le feu. Quelle folie ! Le feu est ennemi et destructeur de l’eau. Or, que sont les métaux ? La réunion de sels que l’eau contenait en dissolution. Donc traiter par le feu une agrégation de molécules qui sont engendrées dans l’eau, c’est, suivant Palissy, les resserrer et non les désunir.

Mais Palissy raisonne d’après des observations incomplètes. Oui, le sel qui se solidifie sous l’action de la chaleur, se liquéfie sous l’influence de l'humidité. Mais des corps d’une tout autre composition se conduiront-ils de même ? Le feu désagrège aussi bien qu’il réunit. En outre, il est faux de prétendre, d’une manière absolue, que les métaux sont des sels en dissolution. Il y a des métaux à l’état natif, et aucun n’y est en dissolution dans l’eau. Ceux qui se trouvent dans l’eau sont à l’état de sels, sel de cuivre, sel de plomb. Si l’eau les tient en suspension, comme les rivières roulent des matières animales ou végétales, elle les dépose ; si c’est en dissolution, c’est-à-dire si le métal est uni chimiquement au liquide, il faut que l’eau soit évaporée par la chaleur. Chauffez une dissolution d’ammoniaque,