Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/394

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la question ex professo. À partir de ce moment, en effet, on se rue à la démolition de cette formidable drogue, composée de trois cents drogues.

Bernard Palissy put lire, en 1586, un livre d’un médecin et jurisconsulte de Nîmes, Jean Suau, sur les Impostures des Spagiriques et les abus des médecins, chirurgiens et apothicaires. Plus tard, en 1638, un doyen de la Faculté de Paris, le docteur Saint-Jacques, publia un Codex contre cette école. Mais il put écrire : ETIAM INVITIS DIIS, malgré les dieux : car les médecins tout-puissants ne l’approuvèrent pas. Le caustique Guy Patin, devenu doyen, porta le coup de grâce à la secte. Il ôta de la pharmacopée une foule d’inutilités, et, en 1647, plaidant contre les apothicaires, il jeta à pleines mains le ridicule sur leur bézoard et leur thériaque. Il alla jusqu’à dire que leurs drogues n’étaient que des fraudes, et leurs officines des laboratoires de trompeurs : organa pharmaci, organa fallaciæ. On diminua le nombre des ingrédients du mithridate, variété de la thériaque. En 1777, il n’était plus que de soixante-cinq. Aujourd’hui il est encore de soixante et onze dans le Codex français, mais de dix seulement à Hambourg et de cinq ou six à Londres. Il a changé, comme on voit ; mais, en dépit de ces fluctuations, les vendeurs de thériaque sont restés des marchands d’orviétan.