Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/410

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Jean Alain l’a déclaré dans son avis au lecteur. « Quelqu’un dit-il, espérant faire passer pour sienne l’œuvre d’autrui, déroba cet écrit posthume qui, le plagiaire mort, revint entre mes mains. » « Quidam aliena (ut credebile est) pro suis aliquando sperans obtrudere, subduxit posthumum ; qui, mortuo demum plagiario, ad me rediit. » Faut-il voir sous cet anonyme le potier Saintongeois ? Je regrette que l’éditeur n’ait pas été plus explicite. Ne connaissait-il pas le livre de Palissy publié en 1580 ? S’est-il tû par respect pour le grand penseur ? A-t-il eu peur de s’attirer quelque désagrément par une protestation trop catégorique ? Un mot de sa part eût levé les doutes. Cependant on remarquera la coïncidence des dates et des faits. Pour moi je n’hésite pas. Palissy a profité des pages d’Alain. Ce soin qu’il a pris de cacher ses origines littéraires et scientifiques doit nous mettre en garde. Du reste, il faut le reconnaître, le vol ici serait peu de chose. Palissy avait levé le plan des marais salants : il était bien en état de décrire lui-même ce qu’il empruntait à autrui.

Voyez comme le mal est contagieux ! L’imitation provoque l’imitation. Palissy avait traduit en prose la description latine de Nicolas Alain. André Mage de Fiefmelin met en vers les idées de ses deux prédécesseurs. Le, sel, dit-il,

Le set n’est excrement, ni imparfaict meslange :
Mais un parfaict meslé que l’art diuin arrange.
Le sel est l’œuure exquis, qu’à vsages divers
Dieu, comme nécessaire, a faict en l’vniuers ;
Et afin que te monde en eust à suffisance,
Il a voulu qu’il eust naissance en mainte essence.