Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/45

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les Bourguignons, sous la conduite du sire de Heilly ; ailleurs de tel autre acte de cruauté, et aussi une preuve de l’animosité qui régna, au quinzième siècle, entre Bourguignons et Français. Jean de Serres, le frère d’Olivier, raconte qu’à Aigues-Mortes, en janvier 1481, les habitants massacrèrent les Bourguignons qui s’étaient emparés de leur ville pendant la maladie de Charles VI, et que le nombre des cadavres s’étant trouvé fort considérable, ils les entassèrent tous, pour éviter la putréfaction, sous des monceaux de sel dans une des tours. Il avait vu la cuve de pierre qui avait servi à saler. Or, cette cuve devait être très-petite, ou bien la garnison n’était pas nombreuse. Bernard de la Monnoye, né à Dijon, attribue fort patriotiquement, dans ses Noëls Borguignons, au caractère facétieux de ses compatriotes la qualification de salés. Étienne Pasquier a peut-être, en ses Recherches, livre I, ch. IX, donné la véritable origine de ce dicton en disant qu’ils furent surnommés salés par dérision, pour avoir été, avant leur passage en Gaule, continuellement en querelle avec les Allemands d’outre-Rhin pour des salines. En tout cas, maître Bernard devait savoir que ce n’est pas aux seuls Bourguignons, mais à tous les enfants que l’Église met du sel en la bouche quand elle les baptise.

Dans cette Bourgogne qu’il parcourut, Palissy passa, ouvrier inconnu, près d’une ville qui lui dut plus tard un grand bienfait. À 3 lieues d’Auxerre est Coulanges-la-Vineuse. Cette épithète de Vineuse dit clairement qu’elle a de très-bons vins. Mais elle manquait