Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/452

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servé la vieille notion de lois antérieures et supérieures à la monarchie. Puisque le roi était prêt à violer le pacte, on devait l’en empêcher, et s’il s’obstinait, s’il le brisait, eh bien ! tout lien entre lui et la nation était rompu. La loi salique elle-même fléchissait ; et le peuple, devant ce contrat déchiré, désormais libre, rejetait la race des Valois, incapable de régner, et la branche des Bourbons, inapte au trône, comme ne remplissant pas les conditions exigées, et choisissait ailleurs un autre chef.

Née des besoins du temps, la Ligue se répandit avec une vitesse incroyable. Les villes s’empressèrent d’y entrer. Consacrer au maintien de la religion catholique toutes ses actions, sa fortune et sa vie ; pour cela obéir aveuglément au chef choisi, se dévouer corps et âme à ses frères d’association, et poursuivre jusqu’à la mort les traîtres, telle fut la loi, la règle et le but. Le peuple uniquement zélé pour sa loi et son indépendance n’y cherchait que cela. Quel intérêt autre avaient ces bourgeois et ces artisans ? Attachés à la monarchie, ils étaient encore plus dévoués au catholicisme. Ils auraient toujours un maitre, Valois, Bourbon ou Lorrain ; mais Dieu ôté, que leur resterait-il ? Et si, avec leur culte séculaire, leurs croyances profondément enracinées, et les cérémonies de l’Église, leurs fêtes et leurs joies, on leur enlevait encore leur nationalité, menacée à la fois par les Allemands et les Anglais, leurs mortels ennemis, que deviendraient-ils, sans patrie sur le sol natal, sans Dieu devant les temples élevés par leurs pères ? Explosion d’indignation, de craintes et de fierté patrio-