Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/470

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tionne le colloque du roi et des deux sœurs, et il n’aura pas une syllabe pour Maître Bernard ? Bernard Palissy est son ami. Lui-même avouera qu’il a aimé et soulagé le potier saintongeois dans sa misère, et il ne signalera pas la visite que lui a faite le roi de France ! et il ne citera pas un mot de leur conversation, si bienveillante de la part du roi, si ferme de la part du sujet !

Écoutons maintenant ce que Pierre de l’Estoile dit de Maître Bernard. Il sera bon de comparer à la narration emphatique et prétentieuse de d’Aubigné, le passage de l'Estoile. Ici, rien d’apprêté. L’écrivain est ému, parce qu’il est sincère ; il raconte simplement ce qu’il fait et ne va pas demander à Sénèque une antithèse pour en orner la phrase de ce « bélistre. » Lisons le passage du Journal de Henri III, au tome II, page 115, de la collection Michaud et Poujoulat, à l’année 1590.

« En ce mesme an mourust aux cachots de la Bastitle de Bassi maistre Bernard Palissy, prisonnier pour la religion, aagé de quatre-vingts ans, et mourut de misère, nécessité et mauvais traitements, et avec lui trois autres personnes détenues prisonnières pour la même cause de religion, que la faim et la vermine estranglèrent.

Ce bon homme en mourant me laissa une pierre qu’il appeloit sa pierre philosophale, qu’il assuroit estre une teste de mort, que la longueur du temps avoit convertie en pierre, avec une autre qui lui servoit à travailler en ses ouvrages : lesquelles deux pierres sont en mon cabinet, que j’aime et garde soi-