Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/473

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travaux ! Ses services n’ont pu faire oublier sa religion ; le génie n’a pas trouvé grâce devant la haine ; la gloire, devant la vengeance. En vain les plus grands seigneurs le protègent, huguenots et catholiques. Il tombe sous les coups d’un obscur fanatique qui satisfait ses inimitiés particulières : résultat fatal des troubles civils ! les chefs allument l’incendie par ambition et se sauvent. Ce sont les petits qui y périssent.

Palissy mort, on ne songea plus guère à lui. L’ingratitude, on peut le dire, fut à la hauteur du bienfait. Le silence pesa lourdement sur sa tombe ; l’oubli se fit autour de son nom. Quelques hommes éminents, Réaumur, Fontenelle, Buffon seuls, de temps en temps, rappelèrent son souvenir qui périssait. Les erreurs qu’il avait combattues ne furent pas vaincues, et lui survécurent. Pouvait-on l’apprécier à sa valeur, quand les théories qu’il avait attaquées étaient partout maîtresses ? Voyez Descartes. Quelles bizarres hypothèses il émet, même après que Maitre Bernard les a ruinées ? Et pourtant, qui avait plus de titres que Palissy à l’attention de son époque et de la postérité ?

Bernard Palissy fut un génie à peu près universel. Comme tous les hommes supérieurs, il porta son regard de plusieurs côtés à la fois. Albert de Haller, botaniste, savant, médecin, s’occupait d’administration et de poésie. Robert Boyle était non-seulement physicien et géologue, mais encore philosophe et moraliste. Au seizième siècle surtout, les hommes sont encyclopédiques. La curiosité y fut tout d’un coup éveillée ; et