Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/222

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politiques et les rigueurs fiscales qui ont si souvent menacé leur fortune et leur destinée, ont été presque constamment dépourvus de l’appui du gouvernement et des douceurs du bien-être matériel enfin, les noirs de nos plantations, toujours asservis aux instincts de leur nature primitive, bien plus qu’au joug du travail et du devoir, ont à peine obtenu l’assistance de quelques vicaires apostoliques.

«  Je ne sais quel aveuglementet quelle influence funeste semblent nous dérober aujourd’hui le tableau vivant de tant de détresse et d’ignorance, et précipiter nos pas vers une catastrophe fatale que n’ont pu conjurer tout l’heure ni les efforts d’une politique habile, ni les prodigalités de la fortune britannique, ni le zèle infatigable des plus ardents missionnaires.

« Entraînés dans toutes les fautes commises sous nos yeux, nous recommençons, en serviles imitateurs, la dangereuse épreuve du pécule légal, du rachat forcé, des ordres en conseil ou des ordonnances royales, et nous marchons avec la même imprévoyance à la désorganisation partielle qui nous condamnerait, bien plus irrévocablement que l’Angleterre, aux calamités et aux remords d’une émancipation prématurée.

« Faut-il donc abandonner ou reculer indéfiniment l’œuvre religieuse et philanthropique d’une régénération de la race noire et d’une transformation de la société coloniale ? Non, sans doute. Cette grande tâche à peine commencée, et quelquefois mal dirigée dans ses premiers essais, réclame plus que jamais les efforts et les lumières de la mère patrie. Aucune considération ne saurait interrompre une aussi généreuse entreprise, ni nous détourner un seul