Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/103

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dos, ainsi qu’un homme très las et découragé. Aussitôt ils courent à lui, l’entourent, les mains nouées pour la ronde, en poursuivant leur chanson :


    Si le Roi de Pologne
    Savait la vie des gueux
    Il quitterait sa couronne
    Pour aller avec eux !


Luc essaya de défaire la ronde, mais eux l’entraînent jusqu’au bois, et, avant qu’il ne soit revenu de son étonnement, Églantine et Noël sont installés sur la même branche de leur chêne préféré.

Ce fut une après-midi de jeux et de rires comme Luc n’en avait jamais connue. Son air soucieux et dur s’était changé en quelque chose d’indulgent et même de confiant. Il regardait les deux autres avec des yeux qui disaient son désir d’être comme eux. Et, vers le soir, lorsqu’il les quitta, il rapprocha les deux têtes joue contre joue et mit un baiser à droite et à gauche, comme s’il n’embrassait qu’un seul visage.

Par la suite, Églantine le trouva souvent sur son passage. Il lui souriait affectueusement et l’accompagnait même pendant quelques minutes dans la sapinière. Et