Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/105

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pas encore seize ans. Et depuis, elle le tient. Elle ne le lâchera pas. Et pourtant, il y a dans le pays une jeune fille qui lui plaît, dont les parents ont du bien et avec laquelle il serait heureux de se marier.

Comme si la Plate se doutait qu’il est question d’elle, elle passe et repasse là-bas. Les fortes dents de Luc se montrent et le font pareil à un mauvais chien qui va mordre. Il fait peur à Églantine. Elle éprouve auprès de lui ce recul qu’elle a éprouvé dès leur première rencontre. Mais elle a pour lui une grande pitié. Elle saura bien le consoler. Et puis à le voir souvent en sa compagnie, la Plate prendra peut-être honte et le laissera se marier avec la jeune fille dont il parle.

Un plus gros ennui attendait Églantine au Verger. Tou n’était pas à la barrière comme d’habitude. À son appel il répondit par un aboiement du côté du potager. Elle y court, pressentant elle ne sait quel malheur. Et là, elle trouve mère Clarisse malade et tassée dans le vieux fauteuil d’osier. À peine si elle peut parler. Cela lui a pris tandis qu’elle sarclait, et depuis elle garde une grande faiblesse et des vertiges qui l’empêchent de rester debout.

Églantine a cessé son travail pour la soi-