Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/108

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passe, elle n’espère aucun secours ; mais elle se souvient qu’elle a un corps souple. Sans beaucoup de peine, elle échappe aux bras de fer, et la voilà debout. Luc est debout en même temps qu’elle. Et dans son regard, et dans la façon dont il étend la main pour la saisir de nouveau, elle comprend ce qu’il veut d’elle. Déjà il la tient solidement au poignet. Sa peur augmente, et lui ôte ses forces. Une défaillance, qu’elle cherche à vaincre, lui fait plier les genoux et lui rend la vue moins nette. Éperdue, la voix faussée, elle crie cette menace :

— Je le dirai à Noël !

Et soudain, à côté de la face dure et crispée de Luc, elle voit celle de la Plate, ricaneuse, autoritaire, avec des yeux tout chargés de haine. Elle croit rêver. De sa main libre, elle s’accroche à un petit arbuste. Mais déjà Luc desserre les doigts et lâche son poignet. Les faces mauvaises se détournent d’elle, et deux voix de colère se heurtent et s’éloignent.

Lorsque mère Clarisse vit revenir sa Douce chérie avec un visage éteint et des yeux agrandis de crainte, elle crut à un accident :

— Non, c’est Luc ! répondit la jeune fille.

Et, tremblante encore du péril couru, elle