Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/113

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à la recherche d’un secours. Et soudain, dans un grondement de désespoir, il ordonne :

— Parle, Églantine ! Il faut que tu parles ! Je t’aime, moi, comprends-tu ? Je t’aime assez pour te donner à mon frère si tu l’aimes. Mais parle ! Ne reste pas avec ces yeux égarés.

Elle ploie sous la pression des mains, ses paupières s’abaissent à demi, et un pli de souffrance se forme au coin de sa bouche qui ne peut s’ouvrir. Il la courbe sur son bras, lui renverse la tête pour tâcher de voir ce qui se passe sous les longues paupières. Et la voix soudainement changée, il supplie :

— Parle, ma très douce ! De toi je peux tout entendre. À toi je peux tout pardonner.

Le pli de souffrance s’efface un peu, les lèvres d’Églantine s’entr’ouvrent. Va-t-elle parler enfin ? Noël écoute de toute son âme cette voix affaiblie qui répète seulement :

— Luc a menti !

Il l’entoure, la serre violemment contre son cœur. Elle se croit sauvée et tend sa bouche. Mais ce n’est qu’un baiser sur le front qu’elle reçoit, un baiser fait de pitié, et suivi d’une sourde plainte. Puis, sans un