puis, comprenant que Noël ne viendra pas, elle cède à son chagrin. Cependant, tandis que ses larmes coulent, la voix de mère Clarisse chantonne à son oreille :
Berger, mon doux berger,
Où irons-nous promener
Par les bois, par la plaine,
Autour du grand château
Mets ta cape de laine
Et viens dans mon bateau.
C’est à cette même place que mère Clarisse
chantait autrefois pour les deux enfants.
Ce souvenir arrête les larmes d’Églantine.
Elle espère une autre chanson, mais
c’est toujours la même qui revient, comme
revient le même bruissement de l’arbre qui
l’abrite, comme revient le même souffle de
vent qui la touche au visage, avant d’aller
jouer et glisser sur l’eau.
Malgré sa certitude de ne pas voir Noël, elle ne songe pas à regagner sa maison. Son regard ne quitte plus l’étang qui fait une tache claire dans l’ombre. Elle le voit se hausser peu à peu, comme s’il voulait déborder et envahir la sapinière ; puis elle comprend que c’est seulement une épaisse vapeur qui monte et le recouvre tout entier.