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Crac-et-rac, crac-et-rac, crac-et-rac.

En cette fin d’octobre, il fait beau comme au printemps. Louis Pied Bot a repris ses promenades avec Églantine jusqu’à la maison de Marguerite Dupré. Tou les accompagne, car depuis la mort de mère Clarisse il passe ses journées chez le tailleur où il fait la joie des enfants. Ce soir Louis Pied Bot parle de Noël, qui est revenu chez ses parents en attendant son départ pour l’Algérie, où il doit aller faire son service militaire. Aussi, lorsque, en le quittant, Églantine aperçoit un homme couché sous le grand sapin qui touche au jardin des Dupré, se dirige-t-elle aussitôt vers lui. Non, ce n’est pas Noël, c’est Luc. Elle le reconnaît, avant même d’être auprès de lui. Il est là, couché sur le dos, les bras en croix, le col de sa chemise largement ouvert et montrant sa poitrine. Ses lèvres sont serrées sur ses dents, et les plis qui encadrent son front semblent plus creux encore. Il paraît souffrir et attendre un secours qui ne vient pas.

Églantine se penche sur lui et demande, presque suppliante :