Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/164

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ment lui-même reste muet. Et une fois de plus l’ennui pour elle reprend la place de l’espoir. Derrière la cloison il n’y a qu’un homme qu’elle ne connaît pas, mais qu’elle entend rentrer chaque soir à des heures différentes. Il marche en frottant ses pieds au parquet. Il marche longtemps comme un homme qui craint le manque de sommeil et n’est pas pressé de se coucher. Tard, très tard, enfin, un craquement spécial apprend à Églantine qu’il s’étend pour dormir. Et à son tour, de toute sa volonté, elle appelle, pour elle-même, le sommeil.

Sans amie vraie, Églantine a cependant à l’atelier une bonne camarade qui l’oblige à la gaieté et la sépare un peu de l’ennui qui fait son front si lourd et sa bouche si fermée. C’est une jolie blonde bavarde et vive, sur laquelle la mauvaise humeur n’a aucune prise. Dans les disputes entre ouvrières, comme dans les reproches des patrons, elle trouve toujours à dire des choses drôles qui détournent la méchanceté, l’inquiétude ou la colère. Les deux jeunes filles