Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/201

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route où la marche est facile et la distance plus courte.

Marie-Danièle ne se fâche pas de cette mauvaise humeur dont elle n’a pas l’habitude. Elle en rit au contraire. Pour calmer l’enfant, elle donne ses raisons : si elle a choisi ce chemin, c’est parce qu’elle sait bien qu’elles arriveront encore en avance. Elle trouve même qu’il est nécessaire de se reposer un peu sur ce beau rocher blanc que la mer découvre par moitié, comme pour offrir, à ceux qui passent, un siège uni, commode et tout lavé de frais. Christine grimpe sur le rocher, au lieu de s’y asseoir. Haussée de deux fois sa taille elle aperçoit au loin une chose noire qui touche le ciel autant que l’eau et qu’elle reconnaît pour la cheminée du bateau en route. Elle balance un peu, cette cheminée, elle disparaît et reparaît comme pour jouer à cache-cache avec l’enfant. Christine, pour mieux la voir, tient à deux mains ses cheveux que le vent soulève et lui rabat dans la figure. Parce que c’est dimanche, aucune barque n’est sortie du port. Au large, la mer est sans une voile pour arrêter le regard ; rien que cette chose noire qui grandit et vogue vers son lieu de repos. Christine, reprise d’impatience, descend de son rocher blanc,