Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/216

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La première semaine écoulée, on ne vit plus Églantine courir par la lande ainsi qu’un mouton égaré. Elle marchait au contraire très posément, comme accompagnée d’un ami avec lequel elle s’entretenait. Cet ami, c’était Noël, que seule elle voyait et entendait. Elle ne s’inquiétait plus d’une folie possible. Elle s’en réjouissait plutôt, s’efforçant de vivre, comme d’une réalité, de tout ce que créait son imagination. À force de chercher Noël dans l’île, elle l’avait trouvé. Il lui était apparu soudainement à la tombée du jour, debout sur la plus haute pierre de l’endroit où elle avait été en danger. Ah ! comme elle avait couru à sa rencontre. Peut-être était-il là depuis longtemps déjà, il y était sûrement, lorsque la vague l’avait frappée, cherchant à la briser sur les rochers avant de l’engloutir. Les doigts solides auxquels s’étaient si fortement accrochés les siens, étaient certainement ceux de Noël lui portant secours. Comment un frêle garçon de treize ans aurait-il pu la maintenir avec tant de force contre cette eau bouillonnante dont la descente était aussi rapide qu’une pierre qui