Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/225

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voir », dit-elle, les anges du paradis. La fillette prie avec une ferveur qui attire l’attention de ses voisines. Elle prie pour le repos de cette jolie maman dont elle garde le souvenir ; elle prie pour son père qu’elle aime si profondément, et dont les lettres journalières disent le regret de ne plus être auprès de son enfant. Églantine ne prie pas ; elle accompagne seulement tout bas les hymnes chantés, mais elle se tait et baisse le front lorsque les jeunes filles, de leurs voix fraîches, entonnent le beau cantique :


        Élève-toi, mon âme, à Dieu


Sa voix pourrait s’élever vers Dieu. Mais son âme, elle l’a donnée avec son amour à Noël ; et cet amour est si grand qu’il lui cache Dieu et les beaux anges de son paradis.

Le retour de la messe se fait en silence. Églantine et l’enfant, serrées l’une contre l’autre sur le chemin, sont plus séparées que si elles marchaient aux deux extrémités de la lande, chacune d’elle parlant en secret à un être aimé que personne ne voit. Un peu avant l’heure du coucher, assise sur le petit mur blanc, Églantine