Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/79

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retiennent. Elle veut retourner là-haut sans tarder. Et comme le garçon, en signe de regret, renverse tout à coup la tête, le père Lumière reconnaît Noël Barray. Une joie intense l’envahit alors. Noël et Douce, Douce et Noël, voilà ce qu’il pourra dire à son fils, s’il le revoit. Son cœur a cessé de cogner, et ses jambes fléchissent à peine. Il va regagner son lit. Mais avant il remonte la flamme de la lampe. Il faut qu’il fasse clair, très clair dans la chambre pour ce qui lui reste à dire avant de mourir. Au lieu de s’étendre, il reste assis, appuyé à l’oreiller, en attendant celle qu’il nomme maintenant sa douce petite-fille. Elle rentre et s’affole de le retrouver ainsi. À peine si elle le reconnaît, tant le regard qu’il pose sur elle contient de tendresse. Il l’attire à lui, et avec un sourire qu’elle ne lui a jamais vu, il dit précipitamment :

— Va chercher Noël !

Elle rougit, hésite, ne sait que dire, mais il la presse :

— Va vite ! Ne le laisse pas partir. Je ne lui veux pas de mal.

L’instant d’après, ils sont là tous deux. Le père Lumière les regarde longuement, de ses yeux où brille une immense gratitude, puis il dit à Noël :