Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/247

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D’autres pompiers entrèrent chez nous. Un grand blond fit recoudre sa culotte déchirée au genou, et un petit brun réclama du secours pour sa manche qui ne tenait plus que par un fil à l’épaule.

Les aiguilles entraient difficilement dans le drap mouillé, et, pendant une demi-heure, il y eut des mots lestes et des rires bruyants.

Mais au départ, le jeune sergent fut le seul à dire au revoir.

On devait le revoir en effet. Dès le lendemain à l’heure de la sortie des ouvrières, il se tenait sur le trottoir d’en face, comme s’il était chargé de surveiller les ruines de la scierie.

— C’est pour moi qu’il vient, nous dit Gabielle.

Et aussitôt elle devint comme transportée de joie. Elle attendit cependant qu’il se fût éloigné pour descendre. Elle fit de même le lendemain, mais le troisième jour, en le voyant se rapprocher de notre maison, elle s’affola :

— Comment lui échapper ? dit-elle.

Et elle nous supplia, Bergeounette et moi, de dire au jeune homme qu’elle ne faisait plus partie de l’atelier.

Ce fut à moi que le pompier s’adressa :

— Mademoiselle. Dites-moi, la jolie fille… est-ce qu’elle ne travaille plus là-haut ?

Il avait un air si honnête et si inquiet que je ne tins pas compte des recommandations de Gabielle.